Le 10 février 2017, par Jérôme Coirier

Depuis 25 ans que cette profession se développe en France, nous observons une dynamique de création de nouvelles sociétés de gestion portée principalement par l’impulsion de nouveaux entrepreneurs. Celle-ci s’explique par la proposition toujours plus nombreuse de nouvelles idées de produits. Cette dynamique est aussi due à l’attractivité du secteur parce qu’elle offre, pour l’entrepreneur, des marges (certes en diminution) qui n’ont rien à voir avec d’autres industries. Cette dynamique se tasse depuis deux à trois ans. Il est de moins en moins facile de créer sa société de gestion car il faut la doter de tous les moyens nécessaires à son démarrage.

Ces moyens sont souvent décrits dans la plupart des explications comme liés à la seule montée en puissance de la réglementation. Cette réglementation est ressentie par les acteurs comme lourde et de plus en plus complexe.

Ainsi, ce marché a offert des marges confortables pendant plusieurs années. Cependant, la maturité du marché, sa modernisation, ont nécessité des investissements de plus en plus importants qui ont professionnalisé ce secteur. L’externalisation de la plupart des services nécessaires aux sociétés de gestion en est l’illustration. Cette connaissance des enjeux (moyens à mettre en œuvre) est peu appréciée des différents acteurs et même des nouveaux entrants, ceux-ci se concentrant d’abord sur une nouvelle et énième offre qui ne peut être suffisante vis-à-vis du chemin à parcourir, des exigences de leurs clients.

La configuration du marché fait état d’une concentration d’acteurs de petites et moyenne taille. La créativité produit a poussé à une évolution du nombre des acteurs, ce que nous avons observé ci-dessus. Néanmoins le tassement des marges dû à la fois à la nécessité de transparisation du marché, guidé par une demande client et une pression réglementaire, conduisent les différents acteurs à réagir et à devoir réfléchir et penser leur organisation autrement. Il est un autre facteur qui accélère ce phénomène, la digitalisation, dynamisé par toutes les fintechs qui frappent à la porte de cette profession. Ce mouvement est déjà bien amorcé dans le domaine bancaire par la désintermédiation de nombreux services.

On parle beaucoup d’évolution et de réorganisation de ce marché par le regroupement des acteurs. Il y a peu de mouvement. Le marché n’est pas configuré pour favoriser les rapprochements, il est composé de beaucoup d’acteurs de petite et moyenne taille. La part des aspects gouvernance, voire de l’importance de certaines personnes qui composent l’entreprise rend obligatoire de considérer les opérations entre des acteurs de taille moyenne comme des opérations à taille humaine. L’importance de l’intuitu personae et du fonctionnement « en bonne intelligence » conditionne la réussite du mariage.
Il est important de se faire accompagner par des professionnels qui guident les entrepreneurs pour se donner les moyens : suis-je capable d’accueillir sans détruire la valeur ? quels sont mes objectifs ? … et donner les clés de l’analyse des forces et faiblesses du projet en toute transparence et hauteur de vue qui guideront des débats constructifs. Cinquante pour cent des échecs sont dus à la gouvernance, vingt-cinq pour cent au manque de moyens et d’investissements pour atteindre l’objectif. Nous sommes sur des aspects où « l’affect », l’ego prennent une part importante au débat et à la réussite. Comme nous le disons souvent « les gens se connaissent mais ne se parlent pas ».