Le 19 Juillet 2017, Par Jérôme Coirier
Force est de constater que « ça cause » dans les salons quand les sociétés de gestion se retrouvent. On parle fintechs, disruption, blockchain entre deux verres tout en avalant rapidement un canapé, histoire de ne pas trop en dire ? de peur d’être à vide ( d’arguments 🙂 ) ?
Les « fintechs », elles, ne sont pas en reste, aidées et exposées sous le feu des projecteurs, tant par la presse que par les « politiques » : elles ont le vent en poupe. Elles ont moins l’occasion de déguster des canapés, mais elles causent aussi. La dynamique est bien plantée et l’on parle beaucoup de robo advisor de B to C, peu encore d’actifs sous gestion et de nombre de clients.
Il y aurait-il deux mondes qui se toisent ? Ignorance d’un côté et surenchère de l’autre ?
Nous ne pensons pas.
Les sociétés de gestion sont dans une situation où elles doivent indéniablement évoluer vers plus de connaissance client et rompre avec les habitudes consistant à rétribuer une succession d’intermédiaires dans beaucoup de schéma de distribution sans pour autant avoir la moindre information en retour, et sans la demander d’ailleurs.
De leur côté, les fintech doivent aussi infiltrer ce mille-feuille intermédié et la technicité de ce métier nécessite quelques investissements en connaissance. Tout ne peut pas s’interpréter si facilement, « se coder » et les populations à même de s’intéresser aux ingénieuses «appli»cations quelles proposent ne sont pas, la plupart du temps, et malheureusement encore, celles qui ont les sous…
Il faudra donc du temps.
Ceci dit, si les sociétés de gestion ne bougent pas, elles seront grignotées petit à petit par cette concurrence qui gratte à la porte, poussées dans leur retranchement si elles restent immobiles par une règlementation qui ne fait qu’appuyer sur ces sujets de transparence, connaissance client et la nécessité de justifier de leurs marges par une la traçabilité du service.
Les Fintechs viennent de la connaissance client, par nature, elle se bâtissent sur l’expression du besoin, très différent de ce que les sociétés de gestion ont toujours fait : privilégier une politique de l’offre.
Les Banques, elles souffrent de ce que les Fintechs attaquent brique par brique : Les cartes, solutions de paiement et autres services qui mettent en évidence le passif technologique de ces grands acteurs.
Ce n’est pas le même schéma pour la gestion d’actifs. Il y a plus de technique et des réseaux encore très codifiés (plateformes, conseils…), tout ceci sera long à disrupter.
Et combien de temps ?
Assez rapidement à notre avis, mais en suivant un chemin plus rapide qui passe par des coopérations entre les acteurs installés et les nouveaux. Les sociétés de gestion doivent prendre en main les sujets de la connaissance client (cf nos articles précédents sur les souscriptions et rachats, la blockchain…). Il nous semble indispensable de travailler cet axe : celui qui sera l’angle d’attaque privilégié des fintechs.
Il faut qu’elles mettent à profit ce formidable bouleversement à venir afin de se réapproprier la connaissance client, se donner les moyens de maîtriser la chaîne d’information pour permettre aux différents réseaux de distribution de remonter l’information.
Et comment ?
Des acteurs bougent, quelques banques : Arkéa assurément depuis un certain temps se donne les moyens d’une politique d’acquisition de nombreuses fintechs, plus récemment la Banque Postale avec KissKissBank & Co. Il y avait encore peu de mouvement coté gestion d’actif, Tikehau vient d’ouvrir le bal en rachetant credit.fr. Le rachat pur et simple restant accessible pour ceux qui ont les moyens, des partenariats sont envisageables, et devront sans aucun doute se multiplier.
Nous pensons qu’il y a une carte à jouer pour les sociétés de gestion à travailler avec les fintechs tout particulièrement sur l’axe de la connaissance client. A travers des process et outils déployés très rapidement, ces Fintechs tracent la route. Ce chemin constitue un axe de progrès pour les sociétés de gestion, une priorité pour cette profession.